Service nucléaire (non-résident) [ru]
Le service nucléaire
Présentation
Le service nucléaire assure une mission de conseil en matière de politique nucléaire de la France envers la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine et l’Ouzbékistan auprès des Ambassadeurs de France dans ces pays. Il entretient des contacts réguliers avec les acteurs du nucléaire français et local ainsi qu’avec les administrations compétentes.
A ce titre, le rôle du service nucléaire consiste à :
- analyser l’environnement international en Russie, Ukraine, Biélorussie et Ouzbékistan, tout particulièrement dans le domaine nucléaire ;
- participer à la préparation des négociations intergouvernementales dans le domaine nucléaire et assurer le suivi des accords qui en résultent ;
- entretenir les relations avec les administrations et entreprises du secteur nucléaire russe, ukrainien et biélorusse ;
- assurer la coordination de la coopération technique, notamment dans le cadre d’actions bilatérales ;
- assurer la liaison avec les industriels français de la filière nucléaire, ainsi qu’avec les principaux organismes français de recherche (en coordination avec le Service Scientifique de l’ambassade et le Service Économique Régional), afin de veiller à la cohérence et à la complémentarité des interventions engagées ;
- maintenir des contacts réguliers avec ses homologues du réseau des ambassades de France (Finlande, Inde, Chine, Etats-Unis, Royaume-Uni, AIEA…)
Organisation
Le service nucléaire est dirigé par le Conseiller nucléaire, mis à disposition par le CEA auprès de l’ambassade de France à Moscou avec compétence sur l’Ukraine, la Biélorussie et l’Ouzbékistan. Il est assisté de deux adjoints, ainsi que d’une assistante-interprète et d’une secrétaire.
Au sein de l’ambassade, le service est souvent amené à collaborer avec la Chancellerie diplomatique, le Service Economique Régional, et le Service pour la Science et la Technologie.
Les membres du service nucléaire sont :
- Alexandre Gorbatchev, Conseiller nucléaire
- Dimitri Sawosik, Adjoint du Conseiller nucléaire
- Tatiana Sykatcheva, Assistante-Interprète
- Daria Kabloukova, Secrétaire-Comptable
Le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA)
Outre ces missions, le service est également le représentant local du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) en Russie, Biélorussie, Ukraine et Ouzbékistan. Acteur majeur de la recherche, du développement et de l’innovation, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives intervient dans quatre grands domaines : les énergies bas carbone (nucléaire et renouvelables), les technologies pour l’information et les technologies pour la santé, les Très Grandes Infrastructures de Recherche (TGIR), la défense et la sécurité globale. Depuis sa création, le CEA a vocation à appuyer le transfert des connaissances scientifiques et de l’innovation vers le monde de l’industrie, d’où sa devise « de la recherche à l’industrie ».
Le CEA est implanté sur 10 centres répartis dans toute la France. Il développe de nombreux partenariats avec les autres organismes de recherche, les collectivités locales et les universités. A ce titre, le CEA est partie prenante des alliances nationales coordonnant la recherche française dans les domaines de l’énergie (ANCRE), des sciences de la vie et de la santé (AVIESAN), des sciences et technologies du numérique (ALLISTENE) et des sciences de l’environnement (AllEnvi).
Reconnu comme un expert dans ses domaines de compétences, le CEA est pleinement inséré dans l’espace européen de la recherche et exerce une présence croissante au niveau international.
Le CEA à l’international
Le CEA assure la représentation de la France dans les agences nucléaires internationales, soutient les industriels français du nucléaire et développe des collaborations internationales de recherche scientifique.
Le CEA assure plusieurs missions à l’international :
- Une première mission régalienne de représentation de l’État.
- Une deuxième mission d’expertise en soutien aux industriels français du nucléaire.
- Une troisième mission de développement de ses capacités de recherche scientifique et technique par des collaborations européennes et internationales.
Représentation de l’État
La première mission consiste pour le CEA à représenter la France au sein des grandes agences nucléaires : l’Agence internationale de l’énergie atomique ou AIEA, la Communauté européenne de l’énergie atomique Euratom et l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE, Organisation de coopération et de développement économiques.
La Direction des relations internationales du CEA héberge le Comité technique Euratom ou CTE, rattaché au Premier ministre. Le CTE coordonne et prépare les positions françaises avec le Secrétariat général aux affaires européennes et veille au respect du traité Euratom. Il est aussi l’autorité française en charge du suivi de l’application en France des contrôles internationaux sur les matières nucléaires. Ce rôle régalien du CEA dans le domaine de l’énergie nucléaire fait ses preuves depuis plus de 60 ans : positionnés au cœur de la stratégie étatique, les experts du CEA garantissent la capacité d’arbitrage et de responsabilité de l’État.
Le CEA anime, au sein des ambassades de France à l’étranger, un réseau de conseillers nucléaires qui soutient sur le terrain la politique française à l’international dans le domaine des énergies nucléaires et renouvelables, et assure l’interface entre les acteurs clefs du pays et ceux de la France : organismes de recherche, industriels, agences publiques et ministères.
Outil de compréhension et d’influence pour la politique française à l’international dans le domaine des énergies, le réseau des conseillers nucléaires se déploie dans les pays acteurs majeurs de ces technologies, ou dans ceux à forte dynamique d’équipement. Les conseillers nucléaires sont également les vecteurs privilégiés de la communication et de l’information des autorités françaises en cas de crise.
Soutien aux industriels français du nucléaire
La France considère que l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire ne doit pas être réservée à un petit nombre d’États. Notre pays veut partager cette compétence et cette expertise avec les pays qui souhaitent s’engager dans la mise en œuvre d’une énergie nucléaire civile durable et responsable.
Le CEA, avec ses relations internationales, contribue à la mise en œuvre de la politique française d’exportation de l’énergie nucléaire. Il développe et entretient des relations bilatérales avec des pays nucléarisés, ou souhaitant s’équiper de centrales nucléaires : la Russie, les États-Unis, le Japon, l’Inde ou encore la Chine, partenaires majeurs de la France et du CEA.
Coopération scientifique et technique
Au-delà de ces collaborations entre équipes scientifiques, le CEA noue des partenariats institutionnels avec des organismes de recherche, des académies des sciences, et des ministères chargés de la recherche, de l’innovation, de l’énergie ou de l’industrie dans de nombreux pays dans le monde.
Enfin, le CEA encourage l’ouverture de ses grandes infrastructures de recherche. Ainsi, dans le domaine nucléaire, le réacteur Jules Horowitz (RJH) que le CEA construit à Cadarache est au centre d’un consortium international de partenaires qui contribuent à sa réalisation, participeront à sa gouvernance, et bénéficieront de droits d’accès garantis à ses capacités expérimentales.
Le nucléaire en France
Histoire du nucléaire civil français
Le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) est créé en Octobre 1945, pour poursuivre les recherches scientifiques et techniques en vue de l’utilisation de l’énergie atomique dans les divers domaines de la science, de l’industrie et de la défense nationale. Il entreprend aussitôt la construction de plusieurs réacteurs d’essai, le premier d’entre eux, la pile ZOE, divergeant au Fort de Chatillon (actuel centre de Fontenay-aux-Roses), dans la région parisienne, le 15 décembre 1948.
En 1956 est mis en service à Marcoule le réacteur G1, premier réacteur français producteur d’électricité, d’une puissance de 40 MW. Deux autres réacteurs, G2 et G3, suivent en 1959 et 1960. Ils conduisent à la mise au point de la filière uranium naturel-graphite-gaz (UNGG), première filière choisie par la France pour son équipement en centrales.
Suite à la construction des réacteurs sur le site de Marcoule, la France a poursuivi son développement nucléaire dans la filière UNGG, sur les sites de Chinon (1963, 1965 et 1966), de Saint Laurent-des-Eaux (1969 et 1971) et de Bugey (1972), bien qu’à partir de 1962, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ait construit un réacteur nucléaire expérimental, modéré à l’eau lourde et refroidi au gaz carbonique d’une puissance de 70 MW, raccordé au réseau en 1967.
Tous ces sites ont été arrêtés depuis, et sont en cours de démantèlement et d’assainissement.
Suite au choc pétrolier du début des années 1970, la France a décidé de recourir massivement à l’énergie nucléaire, en lançant un programme ambitieux de constructions de centrales. Celles-ci seront construites de manière standardisée, en se basant sur la technologie REP développée aux USA.
Actuellement, la puissance installée du parc nucléaire est d’environ 60 GWe avec 56 réacteurs à eau sous pression (REP) d’Électricité de France (EDF) répartis sur 18 sites. La dernière tranche nucléaire N4 de 1 450 MWe à Civaux a été couplée au réseau en décembre 1999 et mise en service industriel en avril 2002.
En 2021, l’âge moyen des centrales françaises en fonctionnement est de 35 ans (à partir de leur mise en service industrielle).
La stratégie française est de réduire à l’horizon 2035 à 50% la part du nucléaire dans la fourniture d’électricité. En moyenne, près de 71% de l’électricité produite en France est d’origine nucléaire. Le nucléaire aura donc encore une place très importante dans le paysage énergétique français.
Le choix du nucléaire permet à la France d’assurer :
- Son indépendance énergétique : la France importe moins de 50 % de ses ressources énergétiques ;
- La protection de l’environnement : la France est un des pays d’Europe qui émet le moins de gaz à effet de serre ;
- Un prix compétitif et stable de l’électricité
La sûreté nucléaire
La sûreté nucléaire est l’ensemble des dispositifs techniques de prévention des accidents et s’applique à toutes les étapes du processus, allant de la conception au démantèlement des installations nucléaires, en prenant également en compte le transport des substances radioactives.
L’ASN, l’Autorité de Sûreté Nucléaire, autorité administrative indépendante créée en 2006 est chargée de contrôler les activités nucléaires civiles en France et de protéger les travailleurs, les patients ayant recours à la radiothérapie, le public et l’environnement des risques liés aux activités nucléaires.
L’ISRN, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire est expert public en matière de recherche et d’expertise sur les risques nucléaires et radiologiques.
La gestion des déchets radioactifs
L’ANDRA, Agence nationale pour la Gestion des Déchets radioactifs, recense la présence des déchets nucléaires sur le territoire national depuis 1991 et publie un inventaire géographique de ces déchets depuis 2004. L’agence a également pour mission de prévoir les quantités de déchets à traiter d’ici 10 ans, 20 ans et au-delà.
Les déchets radioactifs sont classés en fonction de leur intensité radioactive et de leur période de radioactivité. L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) distingue les déchets de très courte durée de vie (radioactivité divisée par deux en moins de 150 jours), de courte durée de vie (radioactivité divisée par deux en moins de 30 ans) et les déchets de longue durée de vie (radioactivité divisée par deux en plus de 30 ans). Les 56 réacteurs présents en France produisent 1 kg de déchets radioactifs par habitant et par an, dont 900 g environ sont de faible et moyenne activité à vie courte, 90 g de moyenne activité à vie longue et 10 g de haute activité. 96% de la radioactivité est contenue dans moins de 1% des déchets.
Ces déchets nucléaires sont traités selon leur catégorie dans des conditions de sûreté et de radioprotection encadrées par la loi du 28 juin 2006 relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs.
Le nucléaire en Ouzbékistan
L’Ouzbékistan est la deuxième puissance économique d’Asie centrale et sa population représente à elle seule 50% de la population totale de la région, soit environ 35 millions d’habitants. Du fait d’une économie dynamique et d’une démographie en progression, une hausse de la demande en électricité de 25 % à l’horizon 2030 est anticipée dans le pays
Actuellement, l’Ouzbékistan produit 88 % de son électricité à partir de ses réserves en gaz naturel. Toutefois, pour répondre à ses besoins en énergie grandissants, l’Ouzbékistan se tourne vers de nouvelles sources de production d’électricité.
Ainsi, en juillet 2019, Alicher Soultanov, ministre de l’énergie de l’Ouzbékistan, a annoncé la construction de la première centrale nucléaire du pays. La centrale devrait être construite près du lac Aydar kul, dans le district de Forish, et devrait disposer de 2 réacteurs de conception russe de type VVER-1200, des réacteurs à eau pressurisée de troisième génération d’une capacité de 1200 MW.
- Emplacement possible de la centrale nucléaire en Ouzbékistan, sur le bord du lac Aydar, dans la région de Djizakh
Dès 2018, la Russie et l’Ouzbékistan ont signé un accord de coopération intergouvernemental pour la construction de la centrale. La Russie a désigné l’entreprise d’Etat « Rosatom » et le service fédéral de surveillance environnementale, technologique et nucléaire comme autorités compétentes dans le cadre de cet accord. De son côté, l’Ouzbékistan a désigné l’agence pour le développement de l’énergie nucléaire relevant du Cabinet des ministres de la République d’Ouzbékistan et l’Inspection d’État pour la surveillance de l’exploration géologique du sous-sol, la sécurité de l’exploitation dans l’industrie, les mines et le secteur des services publics relevant du Conseil des ministres de la République d’Ouzbékistan.
Selon les annonces publiées en 2019, les premiers contrats pour la construction de la centrale auraient dû être signés dès l’été 2020 mais le processus a dû être repoussé probablement en raison de la crise sanitaire de la Covid-19. Au moment de la rédaction de cette page, en mars 2021, des études de terrain pour définir l’emplacement de la future centrale sont encore en cours. La construction de la première tranche devrait être achevée en 2028 et la seconde en 2030.
En plus du projet de centrale nucléaire, les pouvoirs publics ouzbeks investissent également dans les énergies renouvelables, principalement dans l’énergie solaire, espérant ainsi profiter des 320 jours d’ensoleillement annuel que connait l’Ouzbékistan.
Signataire de l’Accord de Paris, Tachkent mise donc sur le tandem énergie nucléaire et renouvelables pour décarboner son économie et assurer ses besoins futurs en électricité.